Tuesday, January 29, 2013

utiliser des pronoms pour créer une ambiance (Philippe 29/01)

Bonjour à tous, (ici Philippe)

Je vous propose un retour sur ce que nous avons fait autour des pronoms lors des deux premières séances. Pour ceux qui étaient là, cela permettra un travail plus précis, pour ceux qui étaient absents, un rattrapage… Sachant qu'il n'y a pas cours lundi prochain (je serai en France).
Un singe en hiver – 1962 – Henri Verneuil – avec Jean Paul Belmondo, Jean Gabin et Suzanne Flon :
Texte à partir de la 41ème seconde :
Scène entre un mari et sa femme à propos d’un des clients de l’hôtel (le leur) qui s’est fait remarqué la veille au bar. L’arrivée de ce jeune homme rappelle des souvenirs d’ivresse au mari.
-          Albert : Ecoute ma bonne Suzanne, t’es une épouse modèle
-          Suzanne : Oh ff…
-          Albert : mais si ! T’as que des qualités et physiquement t’es restée comme je pouvais l’espérer. C’est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c’était à refaire, eh bien je crois que je t’épouserais de nouveau. Mais tu m’emmerdes.
-          Suzanne : Albert !
-          Albert : Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour, mais / tu / m’em / merdes.

On peut noter ici une construction en forme de concession : on flatte pour mieux dire ce que l’on a à dire. On se projette même dans un monde hypothétique (si… je crois que…) où l’on reconnait le conditionnel (je t’épouserais).
La conjonction de coordination « mais » est utilisée en deux temps :
1.       Je te flatte, mais… tu m’emmerdes
2.       Je module par des adverbes la façon dont tu m’emmerdes, mais… tu m’emmerdes.
(Pour rappel, « emmerder » est d’un emploi vulgaire, même si ici grâce aux adverbes et aux flatteries « la pilule passe »).

Deuxième partie de la scène : retour du refoulé « ça »…

-          Albert : J’ai pas encore les pieds dans le trou, mais ça vient bon dieu ! Tu te rends pas compte que ça vient ? Et plus ça vient plus je m’aperçois que j’ai pas eu ma ration d’imprévu. Et j’en redemande ! T’entends ? J’en redemande !
-          Suzanne : l’imprévu ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
-          Albert : Ah ff… rien. C’est les idées d’un autre monde ; et puis ne parlons plus de ça, va.
-          Suzanne : parce que tu sais si ça te manquait vraiment, si tu y pensais trop, tu pourrais… je sais pas moi, reprendre un peu de vin au repas, un demi-verre…
-          Albert : un demi-verre… dis-toi bien que si quelque chose devait me manquer ce serait plus le vin. Ce serait l’ivresse.
L’utilisation des pronoms permet une arrivée progressive du thème qui nous intéresse : l’ivresse (vu du bon côté) / l’alcoolisme (vu du mauvais côté). NB: ivresse = le fait d'être ivre, saoul.
« ça vient » : déictique (comme si on montrait) mis pour… « le fait d’avoir bientôt les pieds dans le trou », donc d’être mort.
« J’en redemande » : je redemande quoi ? de l’imprévu !
« ne parlons plus de ça »… de quoi finalement ? Y a-t-il un non dit ? Oui, il vient à la réplique suivante : le mari est un ancien alcoolique que sa femme a surveillé pendant vingt ans.
Suzanne : parce que tu sais si ça te manquait vraiment, si tu y pensais trop, tu pourrais… je sais pas moi, reprendre un peu de vin au repas, un demi-verre…
Conclusion :
Nous avons vu en cours les possibilités de création que permet un jeu sur les pronoms sans référents. Cela autorise des quiproquo, des chutes comiques, … à condition de ne pas en abuser.

Je vous propose de construire un dialogue sur le même modèle :
Un texte qui permet de faire entendre un reproche ou d’annoncer un imprévu.
Un petit texte dans lequel l’utilisation de pronoms permettent de créer un doute sur le (ou les mais pas trop) référents dont l’acteur parle. [oui, nous l’avons fait en groupe lundi 21, mais tout seul à la maison et suite à un exemple de haut niveau, c’est pas mal non plus !]
NB : pensez à utiliser des verbes avec les prépositions « à » (penser à) ou « de » (parler de) pour faire intervenir des pronoms compléments en y et en. Pensez aussi que d’autres critères entrent en jeu (genre, nombre, fonction, humain/non-humain… et quelques autres tracasseries)
A propos des ambiances que les pronoms permettent d’instaurer, (ré)écoutez la chanson de Francis Cabrel « un samedi soir sur la terre » : http://www.youtube.com/watch?v=yRTd5eLz0HM
« pas la peine que je précise d’où ils viennent et ce qu’ils se disent »… Effectivement nous ne saurons pas qui se cache derrières ces « ils », « il », « elle »… pronoms sujets. Conséquence : cela installe une ambiance générique (chaque personnage est sa propre caricature). Le samedi soir, en boite, à un certain âge, on DOIT (il faut du verbe falloir) se frôler, se toucher, voire coucher…
Il arrive, elle le voit, elle le veut
Et ses yeux font le reste
Elle s'arrange pour mettre du feu
Dans chacun de ses gestes
Après c'est une histoire classique
Quelle que soit la fumée
Quelle que soit la musique
Elle relève ses cheveux, elle espère qu'il devine
Dans ses yeux de figurine

Il s'installe, il regarde partout
Il prépare ses phrases
Comme elle s'est avancée un peu
D'un coup leurs regards se croisent
Après c'est une histoire normale
Le verre qu'elle accepte, et les sourires qu'il étale
En s'approchant un peu, il voit les ombres fines
Dans ses yeux de figurine

[Refrain] :
Pas la peine que je précise
D'où ils viennent et ce qu'ils se disent
C'est une histoire d'enfant
Une histoire ordinaire
On est tout simplement, simplement
Un samedi soir sur la terre
Ils se parlent, ils se frôlent, ils savent bien
Qu'il va falloir qu'ils sortent
Ils sont obligés de se toucher
Tellement la musique est forte
Après, c'est juste une aventure
Qui commence sur le siège arrière d'une voiture
Il voit les ombres bleues
Que le désir dessine
A son front de figurine

[Refrain]

Pas la peine d'être plus précis
Cette histoire est déjà finie
On en ferait autant
Si c'était à refaire
On est tout simplement, simplement
Un samedi soir sur la terre

Thursday, January 17, 2013

Essai de transmission

Bonjour à tous, bonjour Théo,

Ce message n'est pas un acte de piratage mais un essai de transmission ("ici Houston..."). C'est en effet Philippe qui vous parle.
Les deux premiers cours auront lieu les lundis 21 et 28 janvier à 18h, chez Florence. Venez nombreux en prévenant, via Elena R., de votre éventuelle absence, avant dimanche.
Je n'ai pas encore consulté tous les commentaires du blog, mais j'aime bien vos échanges sur les chansons.
A bientôt,
Philippe